Entretien avec les chercheuses du LISEC


Entretien avec les chercheuses du LISEC :

sur l’évaluation du projet IngéPLUS

À l’occasion de ces 3e rencontres, l’équipe de recherche en charge de l’évaluation du projet a pu présenter son travail. Il s’agissait notamment de rendre compte de l’étude des effets de l’ouverture sociale sur les compétences transversales, un fil rouge qui guide les chercheurs du Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l’Éducation et de la Communication (LISEC) et du Centre de recherche sur l’éducation, les apprentissages et la didactique (CREAD) impliqués dans le projet IngéPLUS.

Najoua Mohib & Viviana Urrego

Quel est l’objectif de la recherche menée au sein du projet IngéPLUS ?

 
Najoua Mohib

Le rôle de l’équipe des chercheurs impliquée dans ce projet est d’évaluer la cohérence pédagogique du dispositif IngéPLUS. Nous envisageons ce travail d’évaluation comme une recherche-action c’est-à-dire une recherche qui repose sur des méthodes scientifiques et sur des connaissances produites par nos disciplines. Notre rôle est d’accompagner les acteurs de terrain. Il ne s’agit pas d’une évaluation de type contrôle, c’est plutôt une évaluation diagnostique qui rend compte de l’existant. Nous allons analyser les effets de ce qui est mis en place pour voir ce que le dispositif produit et comment il fonctionne. À partir des résultats que nous produirons, nous inviterons les pilotes du projet à trouver les moyens d’ajuster les actions qu’ils ont mises en œuvre, voire à les corriger. Le but est bien d’améliorer le dispositif.

Comment se déroulent vos recherches ?

 
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Najoua Mohib

Cette recherche comprend trois volets. Le premier volet porte sur l’étude du fonctionnement du dispositif. Dans le deuxième volet, il s’agit d’analyser la conception pédagogique du dispositif, le programme BTSPLUS en l’occurrence. Enfin le troisième volet de la recherche porte sur les effets du programme BTSPLUS sur le développement des compétences transversales des élèves.

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Viviana Urrego

Dans ce troisième volet, nous menons, dans un premier temps, une série de questionnaires auprès des élèves de BTS pour mesurer l’évolution de trois compétences transversales : la confiance en soi, l’autonomie et la gestion du temps. Notre étude repose sur un plan quasi expérimental. Autrement dit, nous allons pouvoir comparer les résultats des questionnaires de ceux qui ont participé au programme BTSPLUS à ceux qui n’ont pas participé. Dans un deuxième temps, nous analysons les carnets de bord réalisés par les étudiants du programme BTSPLUS pour observer l’évolution de leurs compétences réflexives tout au long de leur parcours.

Najoua Mohib

Pour réaliser cette recherche, nous nous appuyons sur l’expertise de nos deux collègues du CREAD : Brigitte Albero qui a développé l’approche ternaire et trilogique qui constitue un des cadres théoriques que nous mobilisons et Catherine Roby qui est une spécialiste des écoles d’ingénieurs.

Qu’est-ce qui vous a conduit à faire le lien entre la formation en BTS, l’appartenance à un milieu modeste et les compétences transversales ?

 
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Najoua Mohib

D’après la revue de littérature scientifique, la filière BTS est présentée comme une filière populaire par excellence. Une étude menée dans la région de Lille montre par exemple que sur un échantillon de 25 000 personnes, on observe que plus de 60% des élèves inscrits au BTS sont issus de milieux modestes et qu’à peine 10% proviennent de milieux favorisés. Aujourd’hui, les chercheurs constatent que les élèves, qui évoluent dans les milieux favorisés, ont davantage la possibilité de développer des compétences transversales à travers les activités extrascolaires, les réseaux de leurs parents, les séjours linguistiques, les voyages, etc. En travaillant sur les milieux modestes, nous avons été rapidement confrontées à la question des compétences transversales considérées comme essentielles par les entreprises et puis c’est aussi une demande des pilotes du projet.

Quel est précisément votre terrain de recherche ?

 
Viviana Urrego

Notre recherche concerne les élèves de BTS industriels inscrits dans les lycées pilotes des académies de Grenoble et de Toulouse. En 2019-2020, le programme BTSPLUS a concerné 200 élèves de première année sur Grenoble et 86 sur Toulouse. Un troisième terrain va peut-être s’ajouter l’année prochaine. Il s’agit de l’école d’ingénieurs de Purpan spécialisée dans le domaine agricole.

Quand pourrons-nous accéder aux résultats de vos recherches ?

 
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Najoua Mohib

Nous avons prévu de communiquer régulièrement sur nos travaux à l’occasion d’événements comme ces 3èmes rencontre des acteurs IngéPLUS mais aussi lors de colloques organisés par la communauté de chercheurs en sciences de l’éducation et de la formation. Nous participerons par exemple à la prochaine journée d’étude de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire (AIPU) prévue les 5 et 6 novembre prochains à Toulouse. Nous avons aussi l’intention d’organiser une manifestation scientifique sur l’ouverture sociale à Grenoble en 2022 où nous pourrons rendre compte des principaux résultats de notre travail. Ce sera aussi l’occasion de rassembler et faire dialoguer des acteurs de l’ouverture sociale : grandes écoles, universités, décideurs politiques, institutionnels, enseignants, entreprises…

Quelles ont été les réactions du public qui est venu vous écouter ?

 
Najoua Mohib

Nous sommes très heureuses parce que nous avons eu des retours extrêmement positifs. Des enseignants nous ont manifesté leur soutien en témoignant de leur envie de s’impliquer dans le projet !

Viviana Urrego

Même enthousiasme du côté des élèves qui ont accepté de prendre part à notre enquête ! Nous sommes heureuses parce que nous observons une très une bonne dynamique.